Rapport sur l’atelier «les langues et l’Europe» , Journées d’Été EELV 2018
Cet atelier était co-organisé par les commissions Europe, Éducation, et Espéranto-Langues.
Dans les faits, seule la commission Espéranto-Langue a participé à l’animation de cet atelier. Ceci est du principalement à la faiblesse (espereble portempa, hopefully temporary) d’EELV, à la suite de la séquence électorale particulièrement défavorable de 2017 , elle-même due à… En conséquence, le manque de moyens humains et financiers se font sentir à de nombreux niveaux. Précisons tout de même que de manière générale le contenu des JDE était intéressant et mobilisateur. Et en ce qui concerne notre atelier, notons aussi les efforts de la commission éducation pour trouver un intervenant, même si pour diverses raisons ils n’ont pas abouti.
Ce rapport ne reflète donc que le point de vue de la commission Espéranto-Langues, au travers du regard d’un de ses responsables.
La salle prévue pour une trentaine de personnes était pleine. L’intervenant principal était István Ertl. Espérantiste né en Hongrie, vivant au Luxembourg, marié à une française récemment décédée, père de trois enfants et actuellement traducteur à la Cour des Comptes Européenne.
István Ertl, qui avait prévu d’être participant à une table ronde, c’est à dire à un échange de points de vue, a cependant pris avec aisance un rôle s’apparentant plus à celui de conférencier. Il nous a dressé au travers d’un récit biographique un panorama de l’apprentissage des langues en Europe.
Il a en quelque sorte «commencé par la fin» en nous parlant du rôle déclinant du français à la Cour des Comptes Européenne.D’année en année la dominance de l’anglais par rapport au français s’accentue, la hausse nourrit la hausse; plus il y a de locuteurs et quelle que soit la qualité de l’anglais parlé, plus la langue sera apprise et utilisée.
Puis il nous a raconté son parcours européen d’apprentissage des langues, parcours marqué dès le début par l’espéranto puisqu’il renonce très tôt à une carrière de professeur de latin à l’université pour aller travailler Rotterdam à à l’Association mondiale d’espéranto. Là il pratiquera quotidiennement l’espéranto, se perfectionnera en anglais, apprendra le néerlandais et le français grâce notamment à son épouse. Plus tard en tant que premier traducteur magyarophone, à la Cour des Comptes Européenne, située au Luxembourg, il aura l’opportunité et l’obligation d’apprendre d’autres langues. Il en va de même pour ses enfants dans le cadre familial comme dans le cadre de l’École Européenne.
Au-delà des péripéties et des anecdotes qui ont maintenu l’attention des participants, ce récit mettait en lumière le fait que la maîtrise des langues étrangères est généralement liée à des parcours (y compris géographiques) individuels et familiaux. D’autre part, le soutien des institutions est structurellement inégalitaire. Les lycées internationaux, par exemple, sont principalement réservés à un public international. Dans la situation actuelle, l’apprentissage des langues étrangères accentue les inégalités sociales.
La discussion qui a suivi a été fournie, elle a permis notamment de rappeler qu’avant même la fondation du Marché Commun, la question d’une langue commune aux européens avaient été débattue dans le cadre du Conseil de l’Europe. Anglais et Français avaient proposé que chaque pays apprenne soit l’anglais soit le français. Les Allemands avaient proposé que tous apprennent l’espéranto. La question de l’espéranto a manifestement des ressorts politiques : les langues ne sont pas qu’une question de langues ou une question d’Utopie.
Nombre de questions tournaient autour de l’espéranto, mais la situation de l’enseignement du latin fut également évoquée, une enseignante de cette langue estimant que cette langue avaient des racines européennes plus profondes. Des exemples d’utilisation de l’espéranto pour connaître des cultures contemporaines aussi bien en Europe qu’ailleurs dans le monde furent alors cités. Il fut également rappelé que l’espéranto a une culture propre: romans, poésies, différents styles de musique, etc.
D’autres point furent effleurés concernant les langues et leur enseignement. Un point mérite cependant d’être souligné. István Ertl constate que les traductions réalisées par le biais de l’informatique et de l’intelligence artificielle ont beaucoup progressé ces dernières années. Et l’on peut en conclure non qu’elle détermineront le paysage linguistique de demain, mais qu’elles joueront un rôle important et remettront en cause nos représentations en la matière.
En conclusion, il semble que ces questions linguistiques intéressent les militants d’EELV bien au-delà des membres de la commission Espéranto-langues. Nous devons poursuivre notre travail avec d’autres commissions et d’autres partis Verts.
Michael L